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24ème sommet France-Afrique à Cannes : le dernier de la Chiraquie.

jeudi 15 février 2007

Pour la dernière fois de son mandat, Jacques Chirac préside le 15 et le 16 février à Cannes le 24e sommet France-Afrique sur le thème de "l’Afrique et l’équilibre du monde". Outre le conflit au Darfour, les crises politiques qui agitent deux pays de l’Afrique de l’Ouest francophone - Guinée et Côte d’Ivoire - devraient être abordées en marge du sommet.

Concernant la politique africaine du président français, l’heure est au bilan.

Sur les 53 pays africains, 48 sont représentés par leur chef d’Etat ou de gouvernement à Cannes.

Sont par contre absents autant de personnalités de marque que le leader libyen Moammar Kadhafi, le président ivoirien Laurent Gbagbo, le président du Zimbabwe Robert Mugabe, le président sud-africain Thabo Mbeki, le président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila, le président sénégalais Abdoulaye Wade et le président guinéen Lansana Conté, retenu dans son pays par l’imposition lundi 12 février de la loi martiale.

Le Rwanda, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Paris, n’est pas représenté.

Les défenseurs de Chirac diront que la "Françafrique" fait partie du passé. Mais n’est-ce pas une évolution subie par la France plutôt qu’un choix délibéré ?

Depuis 1995, Jacques Chirac n’a cessé de plaider pour l’Afrique dans les instances internationales, jusqu’à obtenir sa représentation quasi-systématique dans les réunions du G8 depuis quelques années. Il a oeuvré en faveur d’annulations de dette et plaidé pour le renforcement d’organisations régionales telles que l’Union africaine ou le NEPAD. Jacques Chirac s’est aussi fait le promoteur de la mise en place d’une taxe sur les billets d’avion pour financer la lutte contre le SIDA.

Dans l’ouvrage de Pierre Péan, "L’inconnu de l’Elysée", Jacques Chirac semble jouer les pourfendeurs du néo-colonialisme et en même temps faire un aveu :

"On leur a tout piqué et on a répété qu’ils n’étaient bons à rien" y affirme-t-il.

"Maintenant c’est la dernière étape, on leur pique leurs intelligences."

"Vous ne m’avez jamais entendu parler d’immigration choisie", lâche Jacques Chirac, pique évidente contre le candidat UMP Nicolas Sarkozy.

Par ailleurs, Jacques Chirac n’a pas oublié la francophonie puisqu’il a organisé mercredi 14 février un dîner pour 16 chefs d’Etat de pays francophones.

Mais le "Chirac" de fin de règne est-il vraiment crédible dans ses positions africaines et francophones ?

Dans un contexte mondial où l’Afrique multiplie désormais au détriment de la France des partenariats avec des puissances montantes comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, le volontarisme de Chirac n’est-il pas une tentative de conserver un lien entre la France et l’Afrique qui s’est tant fragilisé depuis une dizaine d’années ?

Le destin de l’Afrique échappe aujourd’hui à l’emprise de l’ancienne puissance coloniale française.

Les sommets France-Afrique survivront-ils à la Chiraquie ? La logique voudrait qu’ils soient remplacés par des sommets Europe-Afrique. Car avec la fin du pouvoir de Chirac, qui a été quoiqu’on en dise avec Mitterrand un des acteurs principaux d’un certain néocolonialisme français, c’est bien "la Françafrique" qui va disparaître... Elle fera effectivement un jour, comme Chirac, partie du passé !

Xavier Garnier