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Trop de blacks dans le onze de France : qu’a voulu vraiment dire Georges Frêche ?

samedi 18 novembre 2006

On pourrait penser que Georges Frêche a dit ce que beaucoup de gens en France pensent tout bas en parlant mardi dernier au conseil communautaire de Montpellier Agglomération d’une équipe de foot de France trop "black" :

"Dans cette équipe, il y a neuf blacks sur onze", a-t-il déclaré, selon les propos rapportés par le Midi Libre. "La normalité serait qu’il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais, là, s’il y en a autant, c’est parce que les blancs sont nuls. J’ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine."

De Chirac à SOS Racisme en passant par Ségo, Sarko et Le Pen, c’est toute la classe politique française qui a condamné depuis les propos de celui qui avait déjà défrayé la chronique en février dernier en traitant les harkis de "sous-hommes", ce qui lui avait valu deux ans de suspension du bureau national du parti socialiste.

Georges Frêche s’était en fait révolté contre le manque d’honneur des harkis qui soutenaient l’UMP, parti héritier d’un parti gaulliste qui les avaient abandonnés en 1962. Mais l’expression de "sous-hommes" sortie de son contexte avait choqué à juste titre par la connotation fasciste qu’elle comporte.

Cependant l’entente surprenante de la classe politique de tous bords aboutissant à lyncher de façon unanime Georges Frêche donne un peu trop des airs de bonne conscience...

Soit on se dit que le président de la région Languedoc-Roussillon est vraiment stupide soit qu’il est victime d’un détournement de sa pensée.

Qu’aurait donc voulu signifier Georges Frêche ?

"Si j’étais sélectionneur de l’équipe de France de football, je ferais la même équipe", a-t-il ainsi déclaré jeudi soir ne démentissant pas ses propos et ne voulant pas présenter d’excuses, contrairement à ce qu’il avait fait vis-à-vis des harkis.

Georges Frêche a par contre longuement expliqué en quoi ses propos avaient été mal interprétés.

"S’il y a quelqu’un qui a combattu le racisme, c’est bien moi" selon des propos rapportés par Associated Press.

" Mes paroles avaient pour but de défendre et non d’exclure (...) J’ai voulu exprimer mon désir de voir une équipe qui soit plus représentative de la diversité de la France, à travers les origines géographiques et sociales. J’aurais dit la même chose s’il n’y avait eu que des Bretons ou des Alsaciens en équipe de France. Il est dommage que seuls les compatriotes dont j’ai parlé, qui sont naturellement Français comme vous et moi, aient cette rage de vaincre sur les terrains de sport, parce qu’ils savent, en raison de leurs difficultés sociales, combien il est ardu de se faire une place dans la société (...) Je regrette que les jeunes gens des classes plus aisées n’aient pas le même appétit. Il ne peut pas y avoir des sports nobles et des sports pour pauvres, destinés aux quartiers en difficulté."

Très offensif et visiblement agacé par la tournure prise par l’affaire, il a stigmatisé le "politiquement correct" ambiant. "Je suis professeur (de droit, à l’Université de Montpellier, NDLR) depuis 35 ans, j’ai un don de la parole, j’emploie des tournures imagées", a-t-il avancé. "Je ne fais pas de la politique pour faire de la langue de bois, je n’ai pas besoin de la politique pour gagner ma vie (...) Aujourd’hui, on ne peut plus rien dire."

Ironique, il a ajouté : "A l’avenir, je me ferai rédiger un texte pré-formaté par mon avocat avant chacune de mes interventions. Dans mon parti politique, je suis le vilain chat noir qui dérange. Mais moi, je n’ai jamais volé un sou aux contribuables."

Se présentant comme "politiquement socialiste mais philosophiquement anarchiste", il a estimé que Jacques Chirac et François Hollande lui faisaient "trop d’honneurs" en condamnant ses propos. "De quoi je me mêle ? Enfin, ça leur permet de paraître sympathiques à la télévision..."

Et si Georges Frêche était seulement coupable d’appuyer là où cela fait mal ? En dénonçant certains maux de la société française, il devient le mal désigné, montré du doigt par la bonne conscience collective cherchant un bouc-émissaire plutôt que posant le vrai problème d’une discrimination des "Noirs" n’ayant que le sport pour briller dans une société représentée politiquement quasi exclusivement par des "Blancs".

Rédaction de l’AFI.